Fabien Bouchard est le créateur du site UFUNK.net, un magazine en ligne sur le design, l’art, le Japon, l’animation et plus généralement de la culture nippone. Il vit depuis six mois à Tokyo dans le centre, juste au nord du palais impérial.
Comment avez-vous vécu ce séisme. Quelle était l’importance des secousses à Tokyo ? Quand avez-vous pris conscience de l’importance de la catastrophe ?
– Nous étions au 32e étage quand les secousses ont commencé. Au début nous avons pensé un peu par habitude : « encore une secousse ». Mais rapidement la secousse est montée en intensité. Nous nous sommes assis par terre dans le couloir et nous avons attendu que ça passe, un peu apeurés par le fait que la secousse était vraiment beaucoup plus forte que d’habitude, mais aussi beaucoup plus longue ! Les cadres des murs se sont décrochés, les portes ont claqué, les tiroirs s’ouvraient, etc. Notre bâtiment est très récent donc aux dernières normes anti-sismiques, et il a encaissé sans dégât. Par contre, sa flexibilité, qui lui permet de résister à un tremblement de terre, a fait qu’au 32e étage, nous avons subi de fortes oscillations longtemps après la secousse qui a duré plus de deux minutes en elle même.
Une fois la première secousse passée, nous avons utilisé les escaliers de secours pour descendre jusqu’au 19e étage, où nous avons senti la première grosse réplique (une sorte de deuxième vague en gros). Puis, une fois celle-ci passée, nous sommes descendus au rez-de-chaussée dans le hall de l’immeuble où nous avons ressenti la deuxième réplique, plus forte que la première.
Tous les gens sont sortis dans la rue, se sont rassemblés dans les « safe zones », les points de rassemblement spécifiques à chaque quartier. Et c’est là qu’on a eu les premières infos.
Nous avons mis du temps avant de savoir où était l’épicentre et quelle était la magnitude. Par contre, très vit,e on a compris qu’à Tokyo, les dégâts étaient minimes. Ce n’est qu’après en remontant dans l’appartement, quelques heures après, que l’on a vu les alertes Tsunami et les premières images du Nord du pays, beaucoup plus proche de l’épicentre.
Quelle est, aujourd’hui, l’ambiance à Tokyo ? Comment les médias couvrent-ils la catastrophe ?
– Le système japonais est très bien fait concernant les tremblements de terre, et les gens très bien éduqués et sensibilisés. Du coup il y a eu très peu de panique (du moins à Tokyo) et tout s’est passé dans le calme (relatif bien sûr), en suivant les consignes diffusées par les haut-parleurs de la ville. Par contre, les trains, métros et auto-routes étant coupés, des millions de japonais sont coincés dans les rues de Tokyo et ne peuvent pas rentrer chez eux ce soir. Il y a donc une énorme foule dans les rues et de gros embouteillages, des gens qui rentrent à pieds, des gens qui sortent manger avant de retourner dormir au bureau faute de pouvoir regagner leur domicile. Les télés et radios continuent de donner des nouvelles du Nord, où une centrale est en flamme et où une partie de la population est évacuée, ainsi que les bilans des victimes, des dégâts, etc.
Comment réagit la population ? Est-ce l’abattement et la résignation face à ce nouveau tremblement de terre ? Est-ce la crainte des répliques et du tsunami du domine ?
– Je pense que tout le monde est encore trop « dedans », la plupart des gens cherchent juste comment rentrer chez eux ou comment joindre leur proches, puisque le danger immédiat et passé. Le reste des attentions se tourne vers le nord pour suivre l’évolution… Pour les répliques, on en a déjà eu plus d’une centaine depuis les 8 dernières heures, et je pense que ça va continuer dans les jours qui viennent.
Le Japon est connu pour être particulièrement bien préparé dans ce genre de situation. Tous les dispositifs ont-ils bien fonctionné ? Sait-on déjà si ce tremblement de terre pourra causer des « dommages collatéraux » (problème d’eau, les centrales nucléaires, etc) ?
– Comme dit au dessus, le système japonais est impressionnant d’efficacité, l’autoroute a été fermée très vite, des hélicoptères ont survolé la ville pendant une heure pour prévenir les incendies, les haut-parleurs guident les gens qui savent déjà où aller, etc. Même si certains quartiers de Tokyo ou de Yokohama sont privés d’électricités, la politique anti-sismique mise en place depuis le tremblement de terre de Kobe a démontré son efficacité. Encore une fois, au nord par contre, il y a beaucoup plus de victimes, et le bilan des victimes du tsunami alourdi, une zone autour de la centrale nucléaire en flamme est évacuée, etc. Toutes nos pensées vont donc pour la région de Sendai.
Interview de Fabien Bouchard, créateur du site UFUNK.net, par Jérôme Hourdeaux
(le vendredi 11 mars 2011)
Notre effondrement de berge à Laneuveville devant Nancy, sur le canal de la Marne au Rhin, c’est bien sur anecdotique à coté du Japon, même si la réouverture n’est pas prévu avant le 15 mai.
Bien posé cet interview de Fabien. Fraternelles pensées à tous, ici et au soleil
levant.
Pierre
Je ne savais absolument pas que votre fils était au Japon!
Tant mieux si il est rentré en France, vous devez respirer.
Mais nous avons une grosse pensée pour tous les Japonnais qui tentent de sauver ce qui peut l’être, et j’imagine, de garder l’espoir de rester en vie pendant un tel désastre.
Bonjour,
Je suis comme Christine, je ne savais pas. J’espère qu’ils vont bien, en tout cas vous êtes rassurés.
Triste épisode pour les Japonais.
Dominique.
heureuse de vous savoir réunis !Et très sensible aux épreuves des Japonais
vécues avec dignité et courage .
Ma fille cadette ,très emballée par un premier séjour au Japon,a (avait?) le projet d’y retourner dans deux mois….Nous sommes doublement à l’écoute de l’évolution de la situation…